dimanche 2 septembre 2018

Groland en fête


 












La septième édition du Festival international du Film grolandais de Toulouse rend hommage à Christophe Salengro.

Groland n’aurait pas été Groland sans Salengro. Christophe Salengro est le célèbre président de la «Présipauté» créée pour les besoins d’une émission de Canal + en 1992. Ce pays limitrophe de la France est le fruit de l’imagination de Jules-Édouard Moustic et de sa bande : Salengro lui-même à qui la «Présipauté» doit son nom, Benoît Delépine, Gustave Kervern, Francis Kuntz, etc. Au fil des ans, l’émission épousant la forme d’un journal télévisé connaît un succès croissant et impose un style Groland devenu «une référence humoristique satirique, iconoclaste, utopique et joyeuse». Objet d’une véritable mythologie populaire (des autocollants portant la mention «GRD» fleurissent à l’arrière des voitures), le show télé fut alors un prétexte pour la création de diverses manifestations culturelles et votives, dont le Festival de Quend dans la Somme entre 2005 et 2009, puis le Fifigrot.

La septième édition du Festival international du Film grolandais de Toulouse rendra hommage à Christophe Salengro en projetant des courts métrages lors de la soirée de clôture et par le biais d’une exposition de portraits dessinés par Luc Weissmüler. Décédé en mars dernier, le comédien était devenu l’incarnation parodique de la présidence de la République française et prenait un traditionnel bain de foule lors de chaque édition du Festival de Quend et du Fifigrot.

Projections de courts et longs inédits, documentaires, sélections thématiques, expositions, performances, concerts, rencontres littéraires sont comme à l’accoutumée au menu du Fifigrot ! Pour cette passionnante et foisonnante édition, le septième jury chargé de remettre l’Amphore d’or du film le plus grolandais pioché dans la compétition sera présidé par le chorégraphe Philippe Decouflé – Christophe Salengro fut à maintes reprises l’interprète de ses créations. Ce dernier sera en fort belle compagnie puisque entouré notamment de l’actrice Andréa Ferréol, du réalisateur Marc Caro, de la dessinatrice Isa, etc. et toujours les indétrônables Jean-Pierre Bouyxou et Noël Godin – membres à vie du Grojury.

Le public est lui aussi invité à décerner son prix parmi ces films «d’esprit grolandais», ainsi qu’un jury constitué d’étudiants de l’École nationale supérieure d’Audiovisuel (Ensav). Parmi les huit longs métrages en compétition, on annonce en avant-première le film de Pierre Salvadori "En liberté", avec Pio Marmai, Adèle Haenel, Audrey Tautou, Vincent Elbaz, "The House that Jack built" de Lars von Trier, avec Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman, "Climax" de Gaspard Noé, etc. Plusieurs ouvrages concourent également pour le «Gro prix de littérature grolandaise». Des rencontres avec leurs auteurs sont organisées à cette occasion dans divers lieux de la Ville rose.

Pour ouvrir les festivités, on attend avec impatience l’avant-première de "I Feel Good" (photo), de Gustave Kervern et Benoît Delépine, avec Jean Dujardin et Yolande Moreau dans le rôle d’une responsable de communauté Emmaüs. Alors que son dernier long "Jahilya" est en compétition, Hicham Lasri présentera ses précédents films, carte blanche a été donnée au réalisateur Yann Gonzalez ("Un couteau dans le cœur"), et Luc Moulet est invité à l’Ensav à l’occasion de la projection de ses films. Une soirée sera dédiée à l’art de la pétomanie, et une autre permettra de revoir "la Grande bouffe" de Marco Ferreri.

Outre les traditionnelles sections Grol’art ou Groz’ical, plusieurs thématiques seront abordées : «Histoire(s) de famille» déclinera la folie à l’échelle familiale ("Roar", "Leolo", "Festen") ; «Bête et méchant» invite le photographe Arnaud Baumann et l’écrivain Pacôme Thiellement ; «Érotisme bavarois et helvétique» invite la performeuse Helena Patricio et l’écrivain Michel Froidevaux pour célébrer les trente ans des éditions HumuS ; «La révolte des poupées» propose notamment la projection de courts métrages de Walerian Borowczyk et des frères Quay ; «La banalyse» reviendra sur ce mouvement critique et expérimental créé au début des années quatre-vingt, et sera l’occasion d’inviter Yves Le Pestipon à propos de ses travaux portant sur la place Pinel à Toulouse, etc.

Toujours en partenariat avec le collectif Culture Bar Bars, les ciné-bistrots et des concerts gratuits sont proposés cette année dans une multitude de troquets : l’Esquile, le Taquin, le Communard, le Txus, la Mécanique des Fluides, le Dada, le Filochard, le Moloko, le Communard, The Petit London, le Café Ginette, l’Autruche, etc. Surtout, Le grovillage installé dans la cour de l’Ensav accueillera chaque soir moult animations grolandaises et autres concerts gratuits de musique «profondément barrée et décalée». Enfin, le port Viguerie servira de cadre au fameux Groconcert lors de la soirée du samedi 22 septembre. Bienvenue au Groland !

Jérôme Gac

Fifigrot, du 14 au 23 septembre, à Toulouse et hors les murs ;

Grovillage, à l’Ensav
, 56, rue du Taur, Toulouse.

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