lundi 17 février 2020

Un Russe à Los Angeles
















Rétrospectives des films d’Andreï Kontchalovski à la Cinémathèque de Toulouse, dans le cadre des Musicales franco-russes, et à la Cinémathèque française.


Avant une rétrospective parisienne qui lui est dédiée à la Cinémathèque française, le cinéaste russe
Andreï Kontchalovski rencontrera le public de la Cinémathèque de Toulouse, à l'occasion d'une rétrospective de ses films présentée dans le cadre des Musicales franco-russes. Andreï Kontchalovski quitte le Conservatoire de Moscou pour cosigner les scénarios des films "l’Enfance d’Ivan" et "Andreï Roublev", d’Andreï Tarkovski. Frère du cinéaste Nikita Mikhalkov, il prend le nom de son grand père maternel et s'impose sur le devant de la scène dès son premier film, "le Premier Maître", en 1965, qui raconte les débuts d’un jeune instituteur envoyé dans un village de Kirghizie, au début des années 1920. Il poursuit ensuite une carrière longue et fructueuse, remportant deux Lions d'argent à Venise (prix décerné au réalisateur) pour "les Nuits blanches du facteur" (2014) et "Paradis" (2016), tous deux tournés en Russie. Réalisé en Italie, son dernier film, "le Péché", dresse un portrait de Michel-Ange.

Michel Ciment rappelle que «Kontchalovski appartient à la génération des années 1960, la plus brillante du cinéma soviétique depuis celle des années 1920, celle qui, grâce au dégel khrouchtchévien, redonne tout son éclat au cinéma de son pays. D'Andreï Tarkovski à Larissa Chepitko, d'Elem Klimov à Kira Mouratova, d'Otar Iosseliani à Gleb Panfilov et Alexeï Guerman, ces cinéastes, tous nés dans les années 1930, apportent un souffle nouveau. Si Kontchalovski est l'un des rares à pouvoir témoigner encore de son talent, il figure surtout parmi les grands réalisateurs qui ont su s'imposer dès leur premier film, et continuent encore aujourd'hui à créer des œuvres dignes de leurs débuts.»(1)
 

Croyant à l'indépendance et à la liberté des individus, Kontchalovski s'est construit en ennemi juré de tous les systèmes. Son deuxième film, "le Bonheur d’Assia", décrit les difficultés de la vie paysanne dans un kolkhoze avec tant de réalisme qu’il est interdit en dehors des frontières soviétiques. Il adapte ensuite Ivan Tourgueniev en 1969, avec "Nid de gentilshommes", puis Anton Tchekhov en signant l’année suivante "Oncle Vania". Après "Sibériade" (1979), grande saga familiale à travers l’histoire de la Sibérie depuis la Révolution d’octobre, il quitte l'Union soviétique pour Hollywood, où il tourne notamment pour la Cannon. Il y dirige Nastassja Kinski et Robert Mitchum dans "Maria's Lovers" (1984), Julie Andrews et Max von Sydow dans "Duet for One" (1986), Sylvester Stallone et Kurt Russell dans "Tango et Cash" (1989). Durant cette période, il tourne également "Runaway Train", ou la course infernale d’un train sans conducteur qui a pour passagers deux prisonniers en cavale.

De retour en Russie après l’éclatement de l’URSS, il décrit la fin d’une époque dans "Riaba ma poule" (1994), une suite désenchantée du "Bonheur d’Assia", mais aussi dans "la Maison de fous" (2002) qui met en scène les malades d’un hôpital psychiatrique, situé à la frontière tchétchène, livrés à eux-mêmes au début de la guerre en Tchétchénie. Pour le critique Pascal Mérigeau, «la trajectoire d’Andreï Kontchalovski est celle d’un cinéaste surdoué, qui a su passer d’un registre à un autre, d’une super-production avec vedettes à un film bricolé en toute modestie, de la Sibérie à Hollywood et retour, sans jamais rien perdre de sa maîtrise et de sa singularité. Son œuvre est une des plus passionnantes et originales du cinéma des cinquante dernières années»(2). Auteur de "Ni dissident, ni partisan, ni courtisan"(3), livre de conversations avec le cinéaste, Michel Ciment constate que «Andreï Kontchalovski a une incroyable capacité de métamorphose, il se réinvente à chaque film.»


Jérôme Gac

"Les Nuits blanches du facteur" © ASC Distribution



(1) cinematheque.fr
(2) forumdesimages.fr
(3) Actes Sud (2019)


 

Rétrospectives :
du 18 février au 18 mars, à la Cinémathèque de Toulouse
;
du 17 mars au 8 avril, à la Cinémathèque française, 51, rue de Bercy, Paris (XIIe).
 

Rencontre avec A. Kontchalovski, animée par Michel Ciment,
vendredi 13 mars, 19h00, à la Cinémathèque de Toulouse
(entrée libre),

69, rue du Taur, Toulouse. Tél. 05 62 30 30 10.

vendredi 7 février 2020

Mauve égout





 











Festival de la Cinémathèque de Toulouse, Extrême Cinéma propose une semaine de cinéma bis et invite notamment Jean-Pierre Dionnet et Éric Cherrière.
 

Concocté par la Cinémathèque de Toulouse depuis vingt-deux ans, Extrême Cinéma est le rendez-vous annuel des amateurs de cinéma bis. Du ciné-concert d’ouverture à la longue nuit de clôture, le festival invite à une semaine de cinéma décalé. Films maudits du patrimoine, classiques atypiques, films culte ou oubliés constituent le menu de cette manifestation dédiée au cinéma différent.
 

Constatant que le cinéma de genre est de nos jours célébré dans les plus prestigieux festivals internationaux, tout en étant très prisé par le public, les organisateurs d’Extrême Cinéma voient dans ce phénomène très récent «une forme de normalisation qui s’installe, déplaçant le champ du choquant. "Le Genou de Claire" d'Éric Rohmer ou "Lolita" de Stanley Kubrick dérangeraient plus aujourd’hui qu’une "Ilsa", louve SS. Car le mauvais genre est déjà ailleurs. Un code Hays nouveau millénaire frappe déjà à la porte (...)».
 

Des cartes blanches sont confiées cette année à Vanessa Morgan, auteure et programmatrice au festival Off Screen de Bruxelles, à l’écrivain Éric Arlix, au plasticien Manuel Pomar, directeur artistique du Lieu-Commun, à la performeuse Marie Savage Slit, et à Jean-Pierre Dionnet, journaliste, scénariste et éditeur de bandes dessinées. Côté avant-premières, Richard Stanley et Éric Cherrière présenteront leur nouveau film, et Jérôme Sage accompagnera "la Volonté du mort" (The Cat and the Canary), de Paul Leni, en ouverture des festivités.
 

Outre moult animations musicales et performatives dans le hall de la Cinémathèque et la traditionnelle séance «Juniors de l'Extrême», on annonce l’exposition "Dangereuses visions" au Lieu-Commun et une soirée «survivalisme» au Muséum de Toulouse. Enfin, toujours interdite au moins de 18 ans, la fameuse nuit de clôture affiche quatre longs métrages, mais aussi des courts, des bandes-annonces, des documents audiovisuels de l’INA, et débutera par la remise du prix du meilleur court métrage Extrême décerné par un jury d’étudiants toulousains.

Jérôme Gac

photo: "Serial Mother"
 


Extrême Cinéma, du 7 au 15 février.
 

À la Cinémathèque de Toulouse, 69, rue du Taur, Toulouse. Tél. 05 62 30 30 10.
Au Muséum de Toulouse, 35, allées Jules-Guesde, Toulouse. Tél. 05 67 73 84 84.
Au Lieu-Commun, 25, rue d’Armagnac, Toulouse. Tél. 05 61 23 80 57.