mercredi 1 février 2017
Sex addict
Le festival Des Images aux Mots invite le cinéaste canadien Bruce LaBruce à l’occasion d’une rétrospective à la Cinémathèque de Toulouse.
Subversive et underground, surfant sur le porno et le loufoque, l’œuvre cinématographique de Bruce LaBruce s’est épanouie durant les 90’s, en pleine vague queer. En France, il doit à Jack Lang sa consécration médiatique lorsque ce dernier demande à la ministre de la culture de l’époque (Catherine Trautmann) de «désixer» son troisième long métrage, "Hustler White" (photo) - classé X par la commission de censure en 1997. Le cinéaste s’y met en scène dans le rôle d’un écrivain amoureux, en quête d’un prostitué arpentant les trottoirs de Santa Monica Boulevard, à Los Angeles, prétexte à un panorama de pratiques sexuelles aussi trashes que rocambolesques dans les sex-clubs gays les plus reculés de la Cité des anges.
«Mes parents étaient des fermiers assez réacs, et aujourd’hui encore ils vivent coupés du monde, sans Internet. J’ai grandi pendant les années 70 en tant que gay dans un monde très dur, où je ne pouvais pas assumer mon homosexualité. C’est à cette époque que j’ai fait la première fois l’expérience de la répression, et j’ai commencé à développer une haine contre les normes, les conventions, tout ce qui nous empêche. […] Je me sentais complètement étranger à la culture gay telle qu’elle évoluait dans les années 80 ; je la trouvais beaucoup trop bourgeoise, trop mainstream. Et je ne supportais pas non plus les punks, qui avaient pour la plupart des comportements très homophobes. […] J’ai toujours eu horreur de la technique au cinéma, donc je suis parti de rien avec une petite caméra et j’ai tourné mes premiers courts-métrages très axés sur le cul. Je voulais filmer une sexualité masculine hardcore : c’était ma revanche contre les années d’oppression que j’avais eu à subir», raconte Bruce LaBruce.(1)
Photographe évoluant dans le milieu du porno, il finit par tourner en 1999 un porno gay ("Skin Flick") pour une firme berlinoise spécialisée. Dix ans plus tard, il engage le Français François Sagat, star internationale du porno gay, pour le rôle d’un zombie dans le très sexué "L. A. Zombie". Surprenant, son dernier film sorti en salles, "Gerontophilia", est une merveille d’épure et de sensibilité qui montre comment un garçon de dix-huit ans tombe amoureux d’un homme de quatre-vingt-deux ans.
«J’en avais marre de m’adresser toujours à la même catégorie de spectateurs. Tu finis par te sentir vraiment déconnecté du monde. "Gerontophilia" a été un bon challenge dans ce sens: je voulais rester fidèle à ma pensée, faire un film qui me ressemble, mais dans une économie et un style qui soient beaucoup plus accessibles… […] C’est naïf de penser que l’on peut viser un plus large public et rester underground. Je sais qu’on me demandera un jour de choisir», constate le cinéaste qui rencontrera le public de La Cinémathèque de Toulouse, à l'invitation du festival Des Images aux Mots.
Jérôme Gac
(1) Les Inrocks (26/03/2014)
Rétrospective, du 7 au 11 février, à la Cinémathèque de Toulouse,
69, rue du Taur, Toulouse. Tél. : 05 62 30 30 11.
Festival Des Images aux Mots, du 6 au 12 février, à Toulouse,
du 20 au 26 février, en région.
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